La salle.

Margot sourit tristement.

-« Je sais vos mots sincères, et là n'est pas votre faute de les avoir dits, mais la mienne de les avoir laissés me pénétrer plus que mon coeur ne le supporte. »

Elle clot ses lèvres, et ne dit plus rien. Son regard, piquant et salé encore de ses larmes réfrénées, cherche Valandil du regard. Ses oreilles entendent la musique, qui ne se joue plus pour personne, la plupart des convives ayant cessé de danser. Dans cette grande salle chaleureuse, elle avait froid.

La regarde doucement, ne sachant plus quoi faire, la regarder frissonner a moitié, intrigué. Il s'avance doucement. Ne la quittant pas du regard, trop sensible

« Je crois que personne n'a eu l'honneur de danser avec vous en cette soirée Dame, le voulez vous ? » il rosit légèrement , puis rajoute légèrement en secouant la tête. « Pardonnez moi ... je suis trop audacieux .... oui ... sans doute »

Il semble presque baisser la tête un peu honteux et rose de sa demande a la dame, mais redresse la tête et la regarde pourtant. haussant des épaules intérieusement.

Elle sourit, mais ne relève pas. Oh, si, elle a dansé... Et c'est bien ce qui l'a fait marcher sur la robe de la Comtesse de Brantôme !
Sans un mot, elle tend son bras au jeune homme, manière de dire qu'elle accepte l'invitation. Dans un murmure, elle lui souffle :

-« Vous avez une définition particulière de l'audace, Sènher, qui ressemble plus à de la courtoisie galante... Ne vous tourmentez donc pas tant ! »

Sourit doucement et lui prend le bras doucement pour l'entraîner doucement dans une danse un peu graçieux, sur le tempo lent de la musique qui désormais vu l'heure tardive jouent beaucoup de rythme doux et parfois berçant.

« Je ... Peut être, mais pour moi cela paraît a de l'audace face a vous Dame ... »

il danse avec elle, lentement ne se rapprochant pas trop. Il prend ses marques, prenant un peu d'assurance au fur et a mesure, ne dansant pas parfaitement, mais semble un peu intimidé encore. Se concentrant sur la danse, parlant un peu

« je ... je suis encore désolé de mes paroles Dame ... sachez simplement, que j'y crois ... et si je puis être un acteur pour aider a se réaliser cela. Alors j'en serais heureux. » lui proposant son aide d'un maniere un peu maladroite car il danse en même temps, mais de mieux en mieux.

La douceur du jeune seigneur avait quelque chose d'irréel. Il maniait la vicomtesse avec autant de délicatesse qu'il l'aurait fait d'une poupée de porcelaine. Lui-même semblait fragile, peu assuré encore dans ce monde d'illusions, face à ce miroir des vanités.
La basse danse, lente et majestueuse, leur laisse le temps de s'observer, à la dérobée, pour ne pas se faire accuser d'indiscrétion, d'impudence même. Révérence, reprise, branle, simple, double... Les pas s'enchaînent, au rythme de la musique lente.

La vicomtesse eut un penchement de tête délicieux, lorsqu'il lui proposa d'entrer dans son conte.

-« Je ne sais quel place il vous sera permis d'avoir, mais sachez que je n'oublierai ni vos mots, ni cette danse. Nos âges sont proches, et nos avenirs peut-être iront l'un tout près de l'autre - ce à quoi nous donnent droit pour tous deux nos naissances. »

Guilhem ne pouvait s'empêcher de l'admirer , la contempler, mais seulement graçe aux mouvements de la danse, ne voulant pas paraître trop ... grossier . Heureux de cet instant qui semblait un peu presque magique. Il sourit doucement, respectant parfaitement le rythme de la danse, se sentant plus a l'aise.

Poutant, Il manque quand même de déraper quand elle a un si joli mouvements de la tête pour lui répondre.

« Je ... J'en suis heureux Dame, j'espère que cela sera vrai. » il lui sourit doucement, complice dans cet instant. « au moins, j'aurais l'honneur d'avoir l'autorisation de l'héroïne ... cela représente énormément pour moi ... peut être même pas simple acteur. » il sourit légèrement pensif, se sentant un peu triste.

Vraiment tres sensible en ce momemt presque magique pour lui.

Un petit faux pas... Assez pour que Marguerite le remarque, mais point pour qu'il l'incommode. Elle le laissa parler, ses yeux se posant sur Valandil quand la danse la faisait regarder dans cette direction. Il y avait encore peu d'acteurs dans son conte, mais les grandes tragédies ne sont-elles pas celles qui ont le moins de personnages ? Un huis clos l'espace d'une journée, pour délabyrinther des passions violentes.

-« Vous savez... Certains n'ont pas demandé l'autorisation d'être acteurs principaux de mon conte. Le Très Haut les a placés sur mon chemin. Mais vous soucier à ce point de mon consentement m'est fort plaisant.
Et, si mon conte vous intéresse, à défaut d'y participer - mais cela l'avenir le dira pour nous - rien ne m'empêchera de vous en communiquer les détails... Je connais votre nom, votre naissance, cela est suffisant pour faire parvenir un pli à destination. »

Et elle planta ses yeux bien dans les siens. Elle songeait à quelqu'un, dont elle connaissait le nom, la naissance, et auquel pourtant elle n'avait jamais rien fait parvenir... Et son coeur à cette pensée se serra.

Guilhem, un peu confus de sa faux pas, essaye de faire pour le mieux pour le reste de la danse, se débrouillant admirablement bien avec une expression un peu confuse. Il lui sourit chaleureusement a ces paroles, se sentant un peu plus léger que depuis un long moment. Il ne peux s'empêcher de rosir légèrement car il s'aperçoit qu'ils se regardent tout les deux bien dans les yeux.

« je ... Sachez qu'il m'intéresse au plus au point; quel conteur manquerait l'occasion de voir se réaliser de si jolie chose avec telle héroïne ... »

« Je comptais de toutes façon vous demander l'autorisation de vous écrire Dame ... Peut être espérer de vous revoir un jour ou l'autre, qui sait ... les espoirs sont une part essentiel de ces histoires. J'espere que ... je ne suis a nouveau pas trop ... audacieux Dame ... » Il sourit un peu amusé.

Il essaye de se concentrer plus durement pour ne pas être a nouveau victime d'un faux pas, ne voulant l'incommoder a aucun prix.

Flatteur, en plus ! La jeune Marguerite n'a pas l'habitude de ce genre de rencontres. Sa duègne l'a bien mise en garde contre les hommes et leurs flagorneries, mais elle n'imaginait pas pouvoir être un objet de convoitise, sinon dans une stratégie matrimoniale.
Forcément, l'on est flatté des compliments, lorsqu'on pense qu'ils ne cachent rien que ce qu'ils sont. Marguerite est très mauvaise pour comprendre les jeux de la séduction - meilleur moyen de s'y laisser piéger. Jamais elle n'a eu l'idée de séduire quelqu'un, puisque cela ne ferait pas d'elle une épouse. L'on épouse une maison, un titre, non une personne que l'on aime... C'était ce qu'on lui avait appris, et contre quoi elle espérait lutter, non parce qu'elle voulait séduire, mais parce que l'amour lui était tombé sur le coin de la figure sans prévenir et qu'elle se refusait de le laisser passer.

La danse se poursuit, alors qu'elle répond :

-« Vous pourrez m'écrire, bien sûr, Sènher... Quant à me revoir, cela se pourra si vous venez en Languedoc, ou parfois à Paris où je suis par intermittences.

Et... Chassez ce mot de votre bouche, je vous en prie. Vous n'avez pas, jusqu'à présent, été audacieux de quelque façon que ce soit. »

-« Sènher, je n'ai jamais refusé audience ou hospitalité à quiconque, alors si, de plus, je vous connais pour avoir été votre cavalière, il vous sera aisé de comprendre que je vous accueillerai à renforts de "Bienvenue". »

Audace, audace... Brise là, jeune homme ! Sans dire le mot il gardait en tête l'être... Marguerite eut un petit rire cristallin :

-« Vous récidivez, Sènher ! Point d'audace, ne me croyez-vous point ? Vous me peinez, si ma parole vaut pour rien... »

Mais son petit sourire vint contredire sa prétendue peine. La danse la tourna de nouveau dans la direction de Valandil, qu'elle fixa de ses yeux d'émeraude.

« Oh , Dame, allons … bien sur que vos paroles comptes bien sur énormément, et au fond de moi je vois bien que vous avez raison ; mais je suis sans doute trop têtu pour l’admettre facilement » Il sourit amusé.

« Ne vous en faites pas, vos paroles, je les prends pour valant plus que de nombreuse chose ici bas… » il lui sourit doucement, essayant d’attirer un peu ses si jolis yeux qui semblent ailleurs, intérieurement haussant des épaules.

« Je … » il la regarde un instant, puis se perd un peu en chemin , ne sachant plus que dire, se sentant un peu idiot, ferme la bouche et rosit légerement.

Ce fut sur ce mot ravalé que la danse s'acheva. La musique, cessant, leur intima d'arrêter leur évolution sur la piste presque déserte. La main droite à demie close, l'index droit comme lorsque l'on intime d'un geste gracieux le silence à quelque, placé devant sa gorge, et l'autre main tenant sa robe, la Vicomtesse fit une révérence distinguée à son cavalier, la tête droite, ce qui lui fit lever juste les yeux sur lui lorsqu'elle se retrouva au plus bas.

Le jeune seigneur rosissait, et c'était charmant sur sa peau claire de roux. Marguerite se plut à penser qu'une alliance de roux ne donnerait que des petits goupils roux, comme ce fut le cas pour toute sa fratrie, puisque père et mère avaient rousseur en commun.

-« Merci, Sènher, pour cette agréable danse et discussion. Je constate que peu sont enclins à nous imiter... »

Elle lui fait une si sublime révérence qu'il ne peux empêcher un léger tremblement de ses genoux, il sourit timidement, se reprenant rapidement. Il s'incline profondément mais doucement devant la dame a son tour, marque de son admiration.

« C'est moi qui ne vous remercierais jamais assez Dame, cela fut une des choses les plus plaisant que j'ai connue; vous avez éclairée comme jamais cette soirée qui l'était pourtant déjà beaucoup» Il se demande un instant si cela termine leur discussion , si cela va lui faire quitter cette dame a laquelle il aimerait encore parler tant. Mais se trouvant un peu idiot d'être triste après une si belle danse , il essaye de cacher ses réflexions en un sourire radieux et charmant.

Guilhem regarde la salle désormais bien mois animée « Oh ... peu nous ont imité certes, peut être la fatigue du aux voyages et aux discussions les aura fait abandonner rapidement. Ou peut être ont ils ont participé a trop de cérémonie pour qu'il y danse a toutes » il sourit légèrement, et la regardant doucement dans les yeux sans trop le faire exprès. ne sachant s'ils vont se séparer ainsi, soupirant imperceptiblement