Un coche arriva bon train du sud-est du pays, tiré par quatre chevaux, escorté par quelques gardes portant tabards et bannières aux couleurs d'un fief... Mais lequel ? A la réflexion, on ne pouvait confondre ce blason avec nul autre, tant il était complexe pour un seul fief. Mais plutôt que de le décrire, attachons-nous à regarder qui se trouvait dans le coche : une jeune fille, à la chevelure de braise, aux yeux de la couleur des feuilles tendres au printemps, la peau aussi blanche que neige, et une robe verte.
Cela faisait quelques jours déjà qu'elle avait renoncé à ses robes de deuil, mais il lui avait fallu quelques jours de plus pour se faire coudre une robe qui ne soit pas blanche. Celle-là était simple, ourlée de dentelle du Puy, et assortie à une cape de la même teinte. Au cou de la jeune fille pendaient une larme d'ambre dans laquelle était piégée une mèche de cheveux et à la même chaîne d'or une médaille d'Aristote. Pour parfaire le tout, des gants de dentelle blanche sur ses doigts fins.
Le coche s'arrêta dans la cour du Château de Bellac, et le valet qui accompagnait la jeune femme l'aida à descendre. Elle avait le ventre un peu serré... Quelle idée de suivre l'invitation de sa collègue ! Elle ne connaîtrait sans doute pas grand monde.
S'avançant vers le majordome, elle laissa son valet l'annoncer :
-« La damoyselle Marguerite Charlotte Victorine Corteis de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson, dame d'Hermeline, dite "Dicé", procureur héraldique et conseillère comtale du Languedoc, fille de Jehan de Volpilhat, Infant et Grand Chancelier d'Aragon, ici sur l'invitation de Sa Grandeur la Comtesse de Ségur et baronne de Chabrières, Nebisa de Malemort. »
Alors que le valet disait cela, Marguerite avait posé ses yeux sur l'architecture du bâtiment. Très joli.