Aprés avoir quitté le Grand Salon, s'être perdue dans les ouloirs, avoir croisé un page soupçonneux qui devait la prendre pour un de ces pique assiettes que l'on voit dans les soirées mondaines, la Comtesse avait finalement trouvé le chemin des jardins, délaissant le lac au profit des partéres et des rosiers, elle s'arrêta prés d'un banc de pierre, en retrait des allés, a demin caché par les branches d'un saule pleureur.
Remontant ses genoux sous son menton, elle fixa son regard sur la voute étoillée, laissant errer ses pensées dans le vague, frissonant parfois alors que les sombres silhouettes de fantomes du passé revenaient la hanter... une fois de plus...
Marcher sur un fil, en équilibre précaire, vaciller, se reprendre... lutter, avancer, croire que le pire est passé, se rendre compte qu'il y a toujours pire... faire semblant, sourrire, amuser, se battre... Devenir la caricature de ce que l'on est vraiment... Tout ça pour quoi ? Pour qui ?
Et quand les années passent, que le masque se fait lourd, vers qui se retourner quand on n'a plus personne et que la liste de ceux qui sont tombés et plus longue que celles de ceux toujours présents...
Lassitude, tellement de poid parfois... trop de combats, de défaites... Chemin trop long... Se retirer du monde, le voir seulement en spectateur et non plus en acteur...
Et si c'était ça le dernier combat ?